Journée d’étude
Art, Nature et Technologies de la Cognition
autour de l’œuvre d’Edmond Couchot
11 décembre 2021
8h30 – 12h00 | 14h15 – 17h00 |
Campus Carlone – Salle du Conseil | Laboratoire du Lazaret – 33 Bd Franck Pilatte à Nice |
« Jusqu’à ces dernières années, la notion de création caractérisait essentiellement les méthodes selon lesquelles les artistes fabriquaient — créaient — des artefacts susceptibles de provoquer un sentiment esthétique. Cette notion qualifie désormais des opérations analogues mais effectuées par des ordinateurs dans le même but. À la création « naturelle » s’ajoute, se conjugue ou se substitue une création artificielle spécifiquement machinique. Après des résultats assez modestes au début des années soixante, les ordinateurs sont devenus capables de simuler, parfois d’assez près, les processus de création propres à l’homme, à partir de modèles issus des sciences cognitives, notamment de la biologie et de la neurobiologie. Des relations sans précédent se nouent désormais entre l’art et la science, la création et la recherche. » Edmond Couchot, 2014
Un des premiers créateurs, à l’échelle internationale, des arts numériques, Edmond Couchot a commencé dès les années 1970 à s’intéresser à l’aspect interactif de la création artistique. Plusieurs conceptions de l’interactivité se sont succédées au cours des années, depuis l’interactivité simple, basée sur les gestes volitionnels, jusqu’à l’interactivité inconsciente mais conscientisable, engagée par les mécanismes déclencheurs à partir des capteurs des états corporels, émotionnels et comportementaux du public. Avec la dernière vague de l’Intelligence Artificielle, apparue dans la deuxième décennie du 21e siècle, une nouvelle dimension s’est fait percevoir dans les arts numériques : les processus créatifs eux-mêmes se retrouvent désormais dans la visée de l’informatique et ceci non seulement pour les doter des nouveaux outils technologiques. Au travers de la modélisation des mécanismes neuronaux présidant à la création esthétique, l’art de l’IA s’établit dans la nouvelle position de partenariat avec les sciences dites « dures ». Les termes de ce partenariat seraient les suivants :
- Par la simulation technologique des comportements créatifs, l’art apparaît pleinement dans sa nature première, en tant qu’un domaine « naturel », biologique, en tant qu’un mode créatif d’être au monde et d’agir sur le monde.
- En retour, c’est par l’art issu de son interprétation « naturalisante » que les technologies de la cognition opèrent leur retour « écologique » à la Nature.
Notre hypothèse tout au long de ce séminaire d’études sur l’héritage d’Edmond Couchot, sera de proposer le concept couchotien de « naturalisation de l’art » en tant qu’équivalent esthétique du concept épistémologique de « naturalization of phenomenology »1. Si la « phénoménologie naturalisée » nous enseigne comment la perception de l’environnement, dont nous sommes, s’effectue au travers des algorithmes issus de l’Evolution biologique, l’« art naturalisé » nous montre quels sont les mécanismes du geste créatif et par quels algorithmes praxiques ceux-ci restituent à l’environnement l’image que nous en avons en tant qu’agents cognitifs.
1 Voir la contribution d’Alain Berthoz, avec qui Edmond Couchot et Marie-Hélène Tramus ont collaboré entre 2008 et 2015, dans : Berthoz & J-L Petit, The Physiology and Phenomenology of Action, trsl. C. Macann, Oxford University Press, 2008.
Programme de la journée d’étude
08h30-09h00 | Nicolas Pélissier | Professeur, UCA, SIC.Lab Méditerranée | Accueil de participants sur le Pôle Universitaire Carlone, Salle du Conseil |
09h00-09h30 | Rémy Sohier | MCF, INREV, Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis | « Généalogie de la pensée d’Edmond Couchot » |
09h30-10h00 | Cédric Plessiet | MCF HDR, INREV, Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis | « Le département ‘Art et Technologie de l’Image’, de la pensée d’Edmond Couchot à la formation d’artistes techniciens au double profil singulier » |
10h00-10h30 | Norbert Hillaire | Professeur émérite, UCA, SIC.Lab Méditerranée | « Comment et pourquoi nous avons écrit “L’art numérique” ? » |
10h30-11h00 | Anne-Sarah Le Meur | MCF, ACTE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne |
« Parcours d’artiste. Influences de la formation ‘Arts et Technologies de l’Image’, à Paris 8, et d’Edmond Couchot en particulier » |
11h00-11h30 | Xavier Lambert | Professeur émérite, LARA-SEPPIA, Université Toulouse Jean Jaurès | « Les riches heures du sujet “On” » |
11h30-12h00 | Discussion | ||
12h15-14h00 | Repas | ||
14h15-14h45 | Visite de la Grotte du Lazaret-06 et de l’installation « Désir », réalisée par le Laboratoire du Lazaret – Département 06, CEPAM, LabSynthE et ICCD, au 33 Bd Franck Pilatte à Nice | ||
15h00-15h30 | Józef Bury (en téléprésence) | Artiste, docteur en art et esthétique | « Edmond Couchot, Uchronie », Vidéo, 20 min, propos recueillis et présentés par Józef Bury |
15h30-16h00 | Frank Dufour | Professeur émérite, LabSynthE, University of Texas at Dallas, UCA, SIC.Lab Méditerranée | « La question des temporalités numériques » |
16h00-16h30 |
Marie-Hélène Tramus |
Professeure émérite, Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis | « Les oiseaux sont des artistes comme les autres, ou les artistes sont des oiseaux comme les autres : des arts numériques aux arts de l’émergence, en un battement d’aile, avec Edmond Couchot » |
16h30-17h00 | Marcin Sobieszczanski | MCF HDR, UCA, SIC.Lab Méditerranée | « Quel cogniticien était Edmond Couchot ? » |