Conférence
L’humain augmenté
Conférence
Jeudi 18 février, de 17h à 19h
Salle du Conseil
EUR CREATES – Campus Carlone
Dans un élan régressif vers la peur, la pensée transhumaniste expérimente et déchiffre le quotidien mathématique d’un futur sans compensation, où les lois marginales de l’existence trouveraient refuge soit dans l’algorithme, soit dans la dérision tragique d’une vie sans préalable et sans destin. Dès lors, une projection de notre imaginaire dans le temps s’impose pour déterminer ce qu’il adviendrait de nos existences humaines, si la fidélité passive de l’homme à l’égard de la science conduisait ce dernier à s’abandonner dans l’abstraction d’une surhumanité. Car ne nous y trompons pas ! Une fois assignés aux ambitions transhumanistes d’immortalité ou à l’ordre du calcul algorithmique nos choix, nos sensibilités, de même que nos désirs et nos manières de faire monde se désolidariseraient d’une composante essentielle : leur coefficient différentiel.
Or, au-delà de son action subjectivante, le coefficient différentiel représente aussi pour l’homme une consolation, le dernier parapet contre sa propre désespérance. Ainsi, vouloir le lui ôter en subordonnant les potentialités de ce même coefficient au calcul, c’est arracher à l’homme la garantie de sa liberté vis-à-vis de lui-même et des autres, mais c’est également l’amputer de ses ailes qui, à chaque instant, le ramènent vers un horizon vertigineux : sa raison d’exister.
Chercheur au SIC.Lab Méditerranée depuis 2006, mes travaux actuels portent sur les conséquences des évolutions technoscientifiques (nanotechnologies, ingénierie génétique, etc.) sur nos existences individuelles et sociales. J’y aborde, entre autres, l’impulsion de fond qui anime le mythe transhumaniste d’immortalité et les conséquences possibles d’une euthanasie de la mort sur notre rapport à la liberté, au désir, au désir du désir de l’Autre, à l’Autre, à soi et au monde. J’y appréhende également les questions touchant à l’intelligence artificielle à travers la problématisation du projet d’interface cerveau / machine (Elon Musk). Dans cette perspective, je m’attelle à réfléchir aux effets que cette même intelligence pourrait avoir à moyen terme sur notre sensibilité, notre intuition, notre créativité mais aussi sur l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, dans la sphère de notre rapport aux objets techniques.