Crédits : Annie Spratt
AGORANTIC CREAMED ECC
15 et 16 Novembre 2018
Campus Hannah Arendt, site Sainte Marthe / ISTS Institut supérieur des techniques du spectacle d’Avignon.
Jeudi 15 novembre
15h30 – 17h : Institut supérieur des techniques du spectacle d’Avignon – ISTS
PANEL : « Travail créatif »
Animateurs Frédéric Gimello Mesplomb et Émilie Pamart
David Bourbonnaud et Emilie Pamart – Positionnement discursif des techniciens du spectacle dans le travail créatif : le cas des régisseurs généraux et des directeurs techniques d’entreprises du spectacle vivant en formation.
Cette contribution permet de poser les premiers jalons d’un terrain encore en phase de consolidation portant sur les techniciens du spectacle vivant inscrits dans une démarche de validation des acquis de l’expérience (VAE) et de formation professionnelle. La faible visibilité de cette catégorie d’acteurs dans la sphère artistique, culturelle et académique s’explique par la nature même de leur travail qui, non seulement, n’est pas exposée sur scène, mais n’est pas toujours lié à une « performance » (Bense, Hammou, 2014). Or, ce moment charnière dans la carrière d’un technicien que constitue la démarche VAE ou la reprise d’un cursus qualifiant se relève riche d’enseignements quant aux représentations que ces intermédiaires du travail artistique portent sur eux-mêmes et sur leur environnement (employeurs, artistes, institution, pairs, etc.) tout autant que sur leurs conditions de travail. Précisons que ce moment charnière devient aussi le révélateur d’un nécessaire souhait de reconnaissance, qui caractérise très souvent la motivation première des candidats à la VAE, qu’il soient techniciens du spectacle ou appartenant à d’autres domaines professionnels, « comme si cette validation académique venait, en quelque sorte, réparer, combler un manque ou effacer une dette. » (De La Broise, 2010). Pour cette communication, notre intérêt va porter plus précisément sur les techniciens en régie générale et direction technique qui, par la formation et la validation d’acquis et d’expérience, sont en voie d’accéder à des postes d’encadrement et donc de changer de statut au sein des entreprises de spectacle vivant ce qui a pour effet de produire un questionnement sur leur rôle et place dans le processus de création, autrement dit, leur relation aux œuvres mais aussi aux artistes. A partir de quelques études de cas, nous discuterons, lors de cette communication, la pertinence à déployer une méthode sociosémiotique d’analyse de contenus destinée à mesurer les effets d’une reprise de formation sur les identités individuelles et collectives et à tenter de dessiner les contours de ce que pourrait être un ethos de technicien du spectacle vivant.
Mathieu Feryn – Du home studio à la création de son label, comment les « techos » sont susceptibles de devenir des créateurs ou des créatrices sonores à l’ère numérique ?
À l’ère numérique, le développement des pratiques domestiques tel que le home studio et la diffusion des tutoriels techniques dans les médias informatisés ont contribué à valoriser des actions situées tout en partie en dehors des espaces institutionnels. Le développement de projets musicaux s’est ainsi réalisé dans le cadre d’une évolution générale des pratiques comprenant des changements dans le calcul des coûts de production et une prétendue diminution des coûts de reproduction des œuvres. Seulement, ce développement des techniques du son ne s’est pas systématiquement accompagné du soutien des acteurs de la création. En s’appuyant sur une ethnographie réalisée au cours des années 2000, cette communication revient sur notre relation à la technique et plus généralement au travail des techniciens du son.
Frédéric Gimello-Mesplomb – De la technique à l’innovation créative en régime numérique : comment (re)penser la dimension communicationnelle du travail artistique ?
Cette communication revient sur quelques études de cas ayant défrayé la chronique judiciaire ces dix dernières années. Elles concernent des cas de techniciens (au sens premier du terme, du grec technè), individus ordinaires ayant porté en justice le fruit de leur travail afin qu’il soit reconnu comme œuvre de l’esprit. Selon une approche sémio-pragmatique mobilisant la sociologie de la justification (Boltanski) et l’analyse de discours, nous proposons, à travers ces disputes, de (re)penser les contours de l’innovation créative en régime numérique lorsque l’espace professionnel de création doit être publiquement justifié. Ces exemples nous montrent en effet que le numérique ne redéfinit pas seulement les catégories d’usages, il bouscule aussi les modes de pensée. L’auteurisation progressive de tout un pan d’activités techniques autrefois identifiées comme telles dans le spectacle vivant et qui prétendent aujourd’hui au statut d’œuvres de l’esprit (la scénographie, la chorégraphie, la mise en lumière, le « design sonore », etc.) nous amène à nous interroger sur la façon dont le numérique redessine les frontières du travail artistique, les hiérarchies symboliques, et les échelles de valeur du monde social.
Paul Rasse – Nouvelles dynamiques créatives dans le spectacle vivant : Spectacle vivant, réseaux, tiers lieux.
Un certain nombre d’ouvrages récents, publiés par quelques uns des prospectivistes les plus célèbres du moment, analysent l’effet de disruption entraîné par l’essor des technologies digitales devenues le facteur d’une colossale désintégration sociale planétaire. Paradoxalement tous mettent en évidence l’émergence de nouvelles formes de résistance, où les artistes sont appelés à jouer un rôle central. Ce mouvement est corroboré par l’explosion du nombre d’étudiants se formant aux divers métiers de la culture et de la création, il nous oblige à repenser les modèles socio-économiques et les politiques destinées à soutenir la production artistique. Nous défendons ici l’hypothèse selon laquelle la culture, dans ses nouvelles formes d’expression portées par la révolution digitale, constitue une alternative pour recomposer la vie de la cité. Pour l’approfondir, dans le domaine des arts vivants, nous nous sommes intéressés à l’étude de tiers-lieux, des structures intermédiaires qui la soutiennent et où elle s’exprime.
Hervé Zenouda – Sortir du ghetto : scénographies numériques de la musique contemporaine.
Depuis une trentaine d’années, la musique contemporaine savante opère une mutation profonde. Cherchant à sortir de l’impasse de la seconde partie du XXeme siècle qui l’a amenée à devenir une musique de spécialiste financée dans son intégralité par les fonds publics, les jeunes compositeurs cherchent à retrouver le contact avec l’auditeur sans pour cela baisser le niveau d’exigence de leurs musiques. La musique contemporaine savante se confronte ainsi à la technologie, à la mondialisation, aux musiques populaires et industries culturelles ainsi qu’aux différents média audiovisuels… Dans cette dynamique, la scénographie numérique aujourd’hui joue un rôle de plus en plus notable en intégrant une dimension spectaculaire à une musique essentiellement cérébrale et en rendant visible certains processus de composition : une question de communication…
Vendredi 16 novembre
9h30 – 11h : Université d’Avignon 2W16
PANEL : « Médias et RSN »
Animatrices Brigitte Juanals et Virginie Spies
David Galli – La communication humaine à l’épreuve des réseaux socionumériques.
L’autre est imprévisible, tantôt « risque » pour le sujet, tantôt source de sensations de déplaisir. De fait, les réseaux socionumériques proposent une simplification de la relation en intégrant des fonctionnalités allant de la discussion instantanée à la ponctuation affective des contenus échangés. Constitutives de la relation en face-à-face, les émotions sont cependant des états somatiques individuels qui ne peuvent faire l’objet d’une atomisation informationnelle par les plates-formes. Notre propos portera en ce sens sur les enjeux de la communication humaine au moment où l’on assiste à une dilution de la relation au profit des dispositifs. Que reste-t-il de notre humanité face à la réduction informationnelle ? Nous centrerons notre approche sur certains éléments insolubles, comme l’embarras, en nous intéressant à des sujets adolescents que nous suivons dans différentes enquêtes de terrain.
Brigitte Juanals et Jean-Luc Minel – Des réseaux sociaux à l’écosystème informationnel numérique : étude de cas sur l’exposition temporaire Delacroix (Musée du Louvre).
Cette présentation s’appuie sur une étude de cas en cours de réalisation avec le Musée du Louvre. Elle porte sur l’analyse de la circulation des flux de messages sur Twitter pendant l’exposition temporaire Delacroix. Elle est fondée sur une méthodologie interdisciplinaire et en partie instrumentée qui associent des méthodes d’analyse issues des humanités numériques et des sciences sociales. Elle permet la description et la représentation des modes de circulation et de répartition des flux de messages sur ce média social en relation avec les parties prenantes et les contenus échangés. Nous discuterons des possibilités d’élargissement du terrain d’étude à l’écosystème informationnel numérique du musée concernant cette exposition temporaire.
Véronique Pillet-Anderlini – Mise en réseau du travail créatif et organisation marchande : la plate-forme Behance.
Ce travail analyse la dimension communicationnelle, individuelle et collective de la créativité sur la plateforme Béhance. L’apparente prééminence du dispositif global de l’Adobe Creative Cloud dans les stratégies de communication des utilisateurs professionnels expérimentés ou débutants ainsi que les interactions entre la plateforme et les différentes applications nous conduit à envisager la suite logicielle simultanément comme un objet technique, un dispositif de communication et un créateur de contenus.
Fabienne Soldini – Réception des œuvres littéraires et RSN lectoral : quelle place pour la création ?
L’analyse des pratiques ludiques lectorales organisées au sein d’un web club de lecteurs en s’attachant à la réception extensive voire compulsive d’œuvres romanesques questionnera la part laissée à la spécificité créatrice des œuvres. Je me suis plus particulièrement intéressée aux challenges, jeux lectoraux organisés et réalisés par les lecteurs, que l’on peut repartir en trois types, selon leurs objectifs et leurs contraintes lectoraux : littéraires, paratextuels et quantifitatifs, et qui témoignent d’une banalisation de la lecture et du rapport aux œuvres littéraires comme pratique de divertissement.
Virginie Spies – Les vidéos du web culturel – la fin des formats ?
Si les médias « traditionnels » sont soumis à des contraintes de formats (émissions de radio ou de télévision minutées à la seconde près), cela n’est pas le cas pour les vidéos diffusées sur YouTube. Au départ (il y a 10 ans), celles-ci étaient assez courtes, mais elles dépassent désormais très souvent les formats classiques, pouvant atteindre jusqu’à 40 minutes voire plus pour des émissions culturelles et scientifiques. De plus, nombre de vidéastes mélangent souvent la fiction et la réalité sans pour autant créer la confusion auprès de leur public, et tout en gardant leur ligne éditoriale. Cette courte intervention proposera de revenir sur la question des formats des vidéos du web culturel, en posant la question de savoir si la question des formats classiques est révolue et que tout semble possible en matière de création audiovisuelle, ou bien si au contraire ces nouvelles créations (et leur appareil énonciatif constitué par les réseaux sociaux) ne sont pas à leur tour extrêmement formatées.
Lise Renaud – Figurations des RSN dans les sites web de musées.
Comment les musées envisagent-ils les RSN (Facebook, Twitter, etc.) dans leur communication numérique ? Quelle conception ont-ils de ces plateformes ? Ces questions ont été éprouvées en 2016 à partir d’une analyse sémiotique pour laquelle il a été choisi de décaler la focale de l’étude des stratégies numériques vers une comparaison des figurations des RSN sur les pages d’accueil de 130 sites web de musées. Cette approche a permis de souligner l’absence de consensus quant aux sens et rôle donnés aux plateformes de réseautage social et notamment, démontrer, contrairement aux promesses des discours circulants, la faible présence à l’époque d’une mise en scène dialogique de ces plateformes sur les sites web de musées.
11h15 – 12h45 : Université d’Avignon 2W16
PANEL : « Patrimoine et territoires »
Animateurs : Vincent Lambert et Maud Pelissier
Isabelle Brianso – Les itinéraires culturels européens : une construction patrimoniale multiformes.
Les itinéraires culturels européens (ICE) du Conseil de l’Europe font l’objet d’une patrimonialisation récente. Ils participent, par ailleurs, à l’approche définitionnelle « ascendante » de la notion de patrimoine en tant que ressources partagées par les acteurs des territoires labélisés. Objets culturels polymorphes, les itinéraires se présentent comme des témoignages pluriels de paysages matériels, immatériels et naturels fruit d’une activité humaine séculaire — chemin de pèlerinage (Mont-saint-Michel), sentier naturel (Robert Louis Stevenson), ensemble de monuments (sites clunisiens), route commerciale (vin, huile d’olive), figure politique (Charlemagne), etc. Au croisement disciplinaire (économie, social, politique, information-communication, etc.), les itinéraires questionnent les formes, les représentations, les circulations et les dynamiques patrimoniales tant de la part des institutions (Conseil de l’Europe, Unesco) que des acteurs de territoires transnationaux (associations, bénévoles, touristes, habitants, etc.) en quête d’imaginaires européens et d’expériences touristiques. Ainsi, nous proposons de préciser la notion de patrimoine à l’aune des itinéraires culturels européens puis, d’examiner une forme de médiation numérique (Clunypedia) comme écriture de patrimoines matériels labélisés. Cette communication s’inscrit dans le cadre d’un projet européen ERASMUS + (2017-2019) et la co-direction d’un numéro thématique (2019) de la revue Culture & Musées intitulé La fabrique des patrimoines européens au XXIe siècle.
Christian Gérini – Patrimoines, patrimonialisation et patrimoines numériques : perspectives et problématiques.
Dans le cadre des problématiques exposées récemment par Matteo Treleani dans son ouvrage Qu’est-ce que le patrimoine numérique ? Une sémiologie de la circulation des archives, se pose la question de la mise en perspective numérique sur le web de nombre de patrimoines (archives papier, manuscrits, livres et revues, photographies, films, etc.), anciens comme récents. Nous montrerons ici le travail en cours sur trois thèmes très différents et pourtant liés. Tout d’abord le patrimoine des revues et ouvrages scientifiques du 19e siècle et les différentes numérisations, mises en perspective (et obsolescence de certaines d’entre elles) réalisées ou en cours, y compris via deux programmes ANR successifs. Ensuite le patrimoine industriel et plus précisément celui des anciens chantiers navals de La Seyne-sur-Mer (Var) où il est là question d’inventorier et de médiatiser – sous quelle forme, pourquoi, pour qui ? – à la fois d’innombrables archives papiers, familiales ou institutionnelles, mais aussi photographiques et filmées : on est là en même temps dans la démarche de la nouvelle archivistique et dans le registre de la communication en CSTI (culture scientifique, technologique et industrielle) encouragée par l’état. Étonnamment, le sujet précédent a croisé deux autres formes de patrimonialisation, elles-mêmes liées depuis une quarantaine d’années, dont nous montrerons quelques exemples : la représentation de la science par l’art à travers le temps (on est là à la fois dans la CSTI et l’histoire de l’art), et l’histoire du street art qui est en train de s’écrire du fait de son « artification » au sens défini par Nathalie Heinich et Roberta Saphiro, c’est-à-dire au croisement de la sociologie, de la philosophie et de l’histoire de l’art.
Jeanne Ferrari-Giovanangeli – Les mobilisations collectives en Corse et en Méditerranée de 1945 à nos jours : Le Tempo INA et ses prolongements.
La chronologie d’archives de l’Institut national de l’audiovisuel sélectionnée par le Pr. Françoise Albertini et son équipe de recherche expose les grandes mobilisations en Corse de 1945 à nos jours. Avant d’établir un bref historique de la création de ce Tempo, d’exposer la manière dont il se dessine et de présenter les derniers travaux faits autour de ce dernier, cette présentation se focalisera sur l’un de ses thèmes : les émergences environnementales. Avec l’affaire des boues rouges des années soixante-dix en Corse, nous retrouverons les travaux du Pr. Françoise Bernard et la notion d’« écoresponsabilité ». Plus globalement, nous verrons les prolongements de ce Tempo INA avec un objectif d’interactivité et les premiers tests autour de la vidéo « grève de la faim contre les boues rouges » renvoyant à de nombreuses perspectives d’études.
Vincent Lambert – L’histoire au numérique dans les musées : patrimoines, dispositifs, responsabilisations.
Dix ans après les théories de Bernard Deloche sur le numérique au musée, nous présenterons la jonction de trois études sur l’histoire au numérique dans les musées menées ces trois dernières années, étroitement liées. Un chapitre de ma thèse sur le numérique au musée d’histoire reprend la problématique générale du numérique au musée ; nous exposerons les résultats de l’enquête qualitative menée dans le monde professionnel de la production d’exposition & de la médiation. Cette enquête nous a mené par la suite sur deux études plus spécifique : 1) la première interroge la rénovation du musée des pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle, la numérisation d’un patrimoine matériel et immatériel religieux avec un passage de la glorification à l’histoire à travers une nouvelle muséographie & des dispositifs numériques de médiation ; 2) la seconde interroge les dispositifs de médiation adaptés aux personnes handicapées dans les musées d’histoire, principalement dans les Alpes-Maritimes… Les premiers résultats montre une implication complexe des acteurs et réseaux locaux, et une stratégie de retournement du stigmate dont le numérique est l’un des leviers fort.
Jérôme Peri – Les régimes contemporains de patrimonialité en Corse : vers une politisation de l’espace public ?
Nous observons depuis plusieurs décennies un élargissement sans précédent de la notion de patrimoine, englobant peu à peu tous les champs de l’expression humaine. Nous nous proposons ici d’analyser, à partir d’une étude de cas mené en Castagniccia, région montagneuse du nord-est de la Corse, les évolutions des processus de patrimonialisation. Ces-dernières sont caractérisées par une spatialisation croissante et concernent des territoires toujours plus larges. Mais elles sont surtout constituées désormais d’une multitude de projets portés par des acteurs de plus en plus divers. Nous sommes ainsi amenés à questionner la pertinence d’un régime contemporain de patrimonialité, prenant en compte cette co-production collective du patrimoine ainsi que les enjeux sociaux et politiques nouveaux qu’il recouvre. C’est donc à partir de l’inscription de ces phénomènes dans l’espace public, que nous nous donnons comme objectif de caractériser les nouvelles formes de gouvernance, correspondant aux aspirations démocratiques et au projet de société des acteurs impliqués.
Éric Triquet – Le parcours sonore comme dispositif de médiation. Expérience d’interprétation du patrimoine en Camargue.
La communication portera sur une recherche développée dans le cadre d’un appel à projet interdisciplinaire de la FR Agorantic « Culture, Patrimoines, Société numérique ». Cette recherche étudie une forme de médiation du patrimoine qui recourt à un dispositif sonore embarqué. Le terrain choisi est celui du Parcours « Les voix du Rhône » développé par le musée départemental de l’Arles antique (MDAA) qui propose au visiteur de cheminer en territoire Camarguais sur les traces de bras du Rhône aujourd’hui disparus. Plus qu’un audio-guide embarqué sur son téléphone ou son iPad, ce dispositif reprend les principes des applications de réalité augmentée par sonorisation. Le caractère innovant de notre étude repose sur l’analyse d’un type de médiation hors les murs commandé par l’usager. D’une façon plus générale, ce projet vise à mettre au jour les atouts et freins liés à de nouvelles pratiques culturelles, au regard des usages du numérique. Parallèlement il a pour objectifs de questionner auprès de publics cibles les modes d’interprétation du patrimoine induits par ce dispositif. Le projet s’appuie sur une double étude : une étude de contenu (de type sémio-pragmatique) des bulles sonores d’une part, une étude de réception d’autre part (via la mise en place de comités de visiteurs). Les résultats montrent que la question de la territorialité se décline ici d’une manière relativement aisée dans la mesure où les représentations du territoire sont déjà fortes et bien ancrées. Néanmoins la perception par les visiteurs de la médiation mise en place (récits, mises en scène sonores …) ne semble pas toujours coïncider avec l’idée que les visiteurs s’en étaient fait. Si la connaissance ou la reconnaissance des lieux s’en trouve enrichie, les représentations de la Camargue ne paraissent pas avoir évolué de façon significative. Les attentes exprimées par les visiteurs, concernant l’évocation d’une Camargue sauvage – versus une Camargue domestiquée par l’Homme mise en avant par les bulles sonores –, en atteste.
Iva Žunjić – Les îles de Lérins, la valorisation d’un patrimoine insulaire.
Outre un vecteur de réhabilitation et de restauration des monuments exceptionnels, la labellisation des territoires représente une entreprise complexe et ambitieuse et vise une reconnaissance patrimoniale qui transforme les espaces en biens communs et suscite une réflexion importante sur sa protection, sa préservation et sa transmission aux générations futures. Cette communication aborde la procédure de patrimonialisation à travers l’exemple des îles de Lérins et leur valorisation à l’échelle nationale et internationale. Elles incarnent une forme du territoire insulaire, construite à partir plusieurs éléments patrimoniaux, qui s’inscrivent dans un cadre juridique de protections et dont les effets entraînent parfois une requalification et réinterprétation de l’espace. Ces aspects influencent la politique d’aménagement et favorisent la mise en place d’une gestion basée sur les principes du développement durable et l’implication de la communauté locale. C’est à partir de ces phénomènes, que nous questionnons les enjeux de la patrimonialisation d’un territoire visant à concilier les protections réglementaires, la transmission des valeurs patrimoniales et des usages contemporains.
14h30 – 16h : Université d’Avignon 2W16
PANEL : « Arts culture éducation »
Animateurs : Linda Idjéraoui-Ravez et Damien Malinas
Emmanuel Ethis – Est-ce qu’un État peut encore inventer en matière culturelle ?
Tout dépend du politique en place, soumis à des pressions et des procès en légitimité « culturelle ». Mais au fond, comment en France et dans le monde la culture tient une place dans la vie ? La réponse passe évidemment par l’éducation artistique et culturelle, qui peut et doit se réinventer comme un droit opposable pour former les publics de demain.
Linda Idjéraoui-Ravez et Nicolas Pélissier – 100% EAC ? Retours d’enquête sur un dispositif innovant.
En dépit de la volonté des pouvoirs et des discours publics mettant en évidence les vertus de l’Education Artistique et Culturelle, notamment en termes d’apprentissage de la diversité et de lutte contre les violences scolaires, les collectivités publiques peinent souvent à généraliser ce dispositif à l’ensemble des établissements relevant de leur compétence. Il est vrai qu’une telle généralisation ne va pas sans poser toute une série de difficultés : les enseignants y ont-ils par exemple la disponibilité et la motivation nécessaire, face à tous les impératifs de plus en plus contraignants des programmes pédagogiques nationaux ? comment impliquer efficacement tous les opérateurs scolaire et culturels et coordonner au mieux les actions menées par chaque établissement, voire entre ces établissements ? comment rendre pérenne un tel dispositif ?… Ce type de questions montrent bien l’importance de procéder au bilan d’étape de collectivités ayant fait le choix du « 100% EAC », à l’image de la ville de Cannes. Ayant coordonné une première enquête qualitative et quantitative menée en 2018 au sein de la Direction de la Culture de la municipalité cannoise, nous présenterons les principaux résultats de cette évaluation tout en élaborant une réflexion concernant les lignes de seuils ainsi que le potentiel et les possibilités d’extension de ce dispositif innovant qui mérite d’ailleurs d’être mieux connu, tant des chercheurs que des acteurs des politiques publiques.
Damien Malinas – Le doctorat en création.
Le doctorat en création, le doctorat CIFRE, et la recherche interdisciplinaire permettent, chacun à leur façon, d’envisager les rapports qu’entretiennent la recherche et la création tant dans la collecte de données que dans la théorisation du monde. Il s’agira ainsi tout autant de se questionner sur l’écrit universitaire en tant que support à la théorisation d’un travail de terrain, que de comprendre comment la pratique du terrain, ou le travail artistique, fonctionne en lui-même comme théorisation du monde.
Marie-Hélène Poggi – Éducation au spectacle vivant en Vaucluse : arènes et terrains de la formation d’un problème public.
Ma contribution s’appuiera sur le travail de Recherche- Action mené entre 2014 et 2016, sur le territoire du Vaucluse, en collaboration avec un collectif d’acteurs mobilisés dans le cadre de l’opération Belle Saison des arts vivants avec l’Enfance et la Jeunesse et sur la constitution du réseau d’acteurs à laquelle elle a abouti (REVES) pour conduire localement des expérimentations de mise en place de parcours d’éducation au spectacle vivant.
Franck Renucci – Le Pôle supérieur de danse Cannes-Mougins Marseille et UFR Ingémédia : expériences partagées.
Cette présentation évoquera en 10 points les enjeux artistiques et pédagogiques de la collaboration entre la licence TSI (techniques sons images) à l’UFR Ingémédia et le Pôle National Supérieur de Danse Cannes-Mougins Marseille. Depuis une dizaine d’années, je questionne le rapprochement entre les écoles d’art et l’université- pour la question de la recherche : direction d’ouvrage pour la revue Hermès avec Jean-Marc Réol L’artiste, un chercheur pas comme les autres ; représentant au Res CAM de l’Université de Toulon ; séminaire en création « la science sans nom » – pour les questions pédagogiques : campagne d’évaluation HCERES ; responsable de mention de la licence TSI dirigé par Hervé Zénouda et surtout la collaboration avec des artistes divers, notamment Régine Chopinot, Jean-Christophe Paré, Ian Simms, Rocio Berenguer, Fabrice Hyber, et aussi la compagnie Castafiore qui accompagna en 2017 et 2018 le projet pédagogique de la licence TSI et qui servira pour amorcer mon intervention.
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